Éléments du patrimoine

null Lorivaux, histoire d'un village discret

Arces sur la carte de Cassini, seconde moitié du 18e siècle © Région Poitou-Charentes, inventaire du patrimoine culturel / Y. Suire, 2013.

Ce village bien discret se niche au bas d’un chemin à fort dénivelé, à l’abri d’une importante falaise calcaire percée en plusieurs endroits d’excavations, près d’un petit ruisseau nommée "Désir" qui définit la limite sud‑est de la commune avec Épargnes.

Par Claude Moullineau et Antoine Santini

Sur le cadastre Napoléonien de 1832, apparaît à flanc de coteau, à environ 50 m à l’ouest du pont de Lorivaux, un ensemble bâti en bordure d’un chemin aujourd’hui disparu, qui reliait le bourg d’Arces à la Grave de Lorivaux.

Ce chemin passait sur le pont, pour prendre la direction de Mortagne par le lieu‑dit "la Petite Vache". Des pèlerins allant à Saint‑Jacques de Compostelle ont bien dû passer par là... Ils venaient de l’ouest de la France, passait par Saint-Jean d’Angély pour y prier devant la relique de saint Jean-Baptiste, puis Saintes sur la tombe de saint Eutrope, et passaient par le prieuré de Lorivaux (qui appartenait aux moins bénédictins de Saint-Jean d’Angély. Ils rejoignaient ensuite Mortagne et son ermitage pour y traverser la Gironde et rejoindre Soulac pour y prier Sainte‑Véronique, et repartir vers Saint‑Jacques de Compostelle à plus de 1 000 km.

Revenons maintenant au village de Lorivaux, où a été construit en 1074 un monastère, sur des terrains appartenant à Guibert de Talmont et qui faisaient partie de sa châtellenie, comme d’ailleurs une grosse partie de la commune d’Arces actuelle.
Ces terrains furent donnés à un saint religieux du nom de Guillaume qui y fit construire un monastère ; plus tard, ce monastère devint un prieuré et appartint aux moins bénédictins de Saint‑Jean d’Angély. Terres, villages et métairies entre Arces et Lorivaux payaient à ce prieuré une rente annuelle en argent, blé, volailles,...

En 1732, François Rochon, prieur de Lorivaux, afferme les revenus du prieuré pour 500 livres par an. Lors de la vente de la seigneurie de Thomeilles en 1777, la partie qui appartenait au prieur de Lorivaux fut payée aux moines de Saint‑Jean d’Angély.

En 1783, Jacques Perseaud, garde des magasins de la tour de Cordouan, cède ses droits sur le prieuré de Lorivaux pour 450 livres à François-Théodore Alavoine, prêtre demeurant à Talmont.
L’un des fiefs du prieuré de Lorivaux s’appelait le fief de Cordouan (ce lieu n’existe plus à notre connaissance sous ce nom sur les nouveaux cadastres, mais peut-être est-il mentionné sur des actes détenus par des propriétaires…).

Que reste-t-il de tout cela ?

Du prieuré il ne reste aucune ruine apparente ; de très grosses pierres taillées sont disséminées en différents endroits. Des habitants de Lorivaux se rappellent avoir connu dans un mur, des morceaux de colonnes et une frise qui avait servi à sa construction. Deux bustes avaient aussi été trouvés… Quelques dates sont inscrites sur des pierres de réemploi, des graffiti représentant des bateaux sont également visibles...

Côté ouest de la falaise, deux excavations, dont l’une importante, existent. Elles apparaissent surmontée d’un petit appareil en moellons. L’une a servi, avant la dernière guerre, de parc à cochons et de basse‑cour ; l’autre, plus grande, est pratiquement comblée par des gravats et semble plus importante ; personne à notre connaissance ne l’a explorée jusqu’au fond.
Le prieuré était‑il adossé à ces excavations qui ne semblent pas naturelles ? Ou est‑ce que ce sont des silos fiats lors de la conquête de notre région au 7e siècle par les Arabes, comme il en existe à Talmont, ou y a‑t‑il d’autres raisons ? Bien des mystères demeurent.

A quelques mètres de ces excavations, une fontaine avec margelle monolithe et un système de trop plein en pierre taillée existent.
Cette fontaine ne tarit jamais, bien qu’elle soit au-dessus du niveau du Désir ; c’était peut‑être celle qui alimentait le prieuré. Le cadastre napoléonien de1852 nous révèle un village assez important avec une dizaine de foyers, et 3 ou 4 fours à pain. L’un d’eux a servi pendant la Seconde Guerre Mondiale. Près des maisons de la partie nord du village ont existé deux petites pièces d’eau ; elles servaient peut-être à faire rouir le chanvre, comme étang à poissons ou bien encore pour le tannage de peaux, comme à Arces près du Godard.

Que ce soit pour son monastère, son prieuré ou sa chapelle, le mystère de Lorivaux demeure et le restera certainement longtemps, nous permettant de rêver et ce sera bien ainsi. Tous ces sites sont des propriétés privées, et nous devons à la gentillesse des propriétaires qui nous ont accueilli, avoir eu la possibilité de reconnaître tous ces endroits. Nous les en remercions vivement.

Localisation

Lorivaux
17120 Arces-sur-Gironde

Arces-sur-Gironde

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Date / Période

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Type de patrimoine

Remarques

Propriétés privées.

Mise à jour : vendredi 16 décembre 2022