Les bibles de pierre

L’image révélait le langage de Dieu

Les images servent à fixer les idées et aussi rafraîchir la mémoire. Les évangélisateurs chrétiens avaient bien compris ce moyen pédagogique pour enseigner la Bible. Les foules qui fréquentaient les églises retrouvaient dans les sculptures du tympan, les chapiteaux, les fresques de la voûte, les mosaïques et les enluminures des manuscrits les thèmes essentiels de la foi chrétienne même s’ils ne savaient pas lire.

Les chapiteaux de l’église abbatiale Saint‑Étienne illustrent parfaitement les messages choisis par Martin, le premier abbé envoyé en 1075 par l’abbaye de Maillezais, où règne la discipline clunisienne.

L'interprétation des chapiteaux de l'église Saint‑Étienne de Vaux‑sur‑Mer

par Daniel Lesueur

Le moine défricheur

Adam condamné à gagner son pain à la sueur de son front

À l’homme il dit : "Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t'avais donné cet ordre : tu n'en mangeras point ! Le sol sera maudit à cause de toi. C'est à force de peine que tu en tireras ta nourriture tous les jours de ta vie. Il te produira des épines et des ronces et tu mangeras l’herbe des champs. C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris ; car tu es poussière et tu retourneras dans la poussière".

Genèse 3, 17-19

Sanctification de la vigne

Parabole de la vigne et du vigneron

Demeurez‑en moi, et je demeurerai en vous. Un sarment ne saurait porter du fruit tout seul, sans demeurer attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non plus, si vous ne demeurez pas en moi.

Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure portera du fruit en abondance, car sans moi, vous ne pouvez rien faire.

Jean 15, 4-5

Le songe prémonitoire de Nabuchodonosor, roi de Babylone

Tu as vu un arbre grandir et devenir vigoureux, sa cime touchait le ciel et on le voyait de toute la terre. Cet arbre au feuillage magnifique et aux fruits abondants portait de la nourriture pour tous les êtres vivants. Les animaux sauvages venaient s’abriter sous lui et les oiseaux nichaient dans ses branches. Cet arbre, ô roi, c’est toi ! Car tu es devenu grand et puissant. Ta grandeur s’est accrue, elle atteint jusqu’au ciel et ta domination s’étend jusqu’aux confins de la terre.

Daniel 4, 17-19

Combat judiciaire avec champions

Au Moyen Âge, le duel judiciaire était un combat entre un accusateur et un accusé, admis comme preuve juridique. Le vainqueur du duel gagnait ainsi le procès.
Il était aussi possible de désigner des "champions", représentant les parties intéressées. La pratique du combat judiciaire a notamment été codifiée dans le Coutumier d’Oléron (13e siècle).

Autre interprétation : le chanoine Tonnelier a vu dans ce chapiteau une allusion au sac de Vaux par les Normands en 1881.

David et l’ours

David dit à Saül : "Que personne ne perde courage à cause de Goliath ! Ton serviteur ira se battre avec lui".
"Toi, aller te battre avec lui ! dit le roi. Ce n’est pas possible. Tu n’es qu’un enfant, et lui c’est un homme de guerre depuis qu’il est tout jeune".
David répondit à Saül : "Quand ton serviteur faisait paître les brebis de son père, et qu’un lion ou un ours enlevait une brebis de son troupeau, je courais après lui, je le frappais et arrachais la brebis de sa gueule. S’il se dressait contre moi, je le saisissais par la crinière et je le tuais. Si ton serviteur a tué le lion et l’ours, le Philistin incirconcis aura bien le même sort, lui qui a insulté les armées du Dieu vivant.
Et le seigneur, ajouta‑t‑il, qui m’a sauvé du lion et de l’ours me tirera aussi des mains de ce Philistin".

Samuel 17, 32-37

Lapidation d'Étienne

Étienne, rempli du Saint‑Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit : "Je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu". Ils poussèrent alors de grands cris, en se bouchant les oreilles, et ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, le traînèrent hors de la ville, et le lapidèrent. Les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme nommé Saul. Et ils lapidaient Etienne, qui priait et disait : "Seigneur Jésus, reçois mon esprit !" Puis, s’étant mis à genoux, il s’écria d’une voix forte : "Seigneur, ne leur impute pas ce péché !" Et, après ces paroles, il s’endormit.

Actes 7, 55-60

Symbole chrétien et luxure

Tout le peuple se faisant baptiser, Jésus fut aussi baptisé et pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit et le Saint‑Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles : "tu es mon Fils bien‑aimé ; en toi j’ai mis toute mon affection.

Luc 3, 21-22

Le canthare dans lequel boivent deux colombes est symbole des chrétiens buvant à la parole divine. On le voit sur les lampes à huile du Ve siècle après J.‑C., trouvées à Timgad en Algérie.
Le symbole de la luxure est visible sur le côté ouest du chapiteau.