L'or des campagnes
À la découverte des moulins
Un monde où cohabitent tradition et modernité... Ces étendues aux reflets dorés sont des composantes essentielles de l’identité du Pays Royannais... Sources de vie dans les temps anciens, garantes d’activités intenses à la belle saison, les cultures céréalières portent aussi en elles une tradition, une histoire, une culture... La mémoire se reconstitue de différents façons : à partir d’un outil trouvé dans une remise ou de l’évocation des battages par un ancien, en découvrant la charpente d’une grange ou un vestige de moulin, en cherchant sur une carte ancienne… ou simplement en levant les yeux.
Le grenier de la mémoire
La fréquence des vents d’ouest associée à la présence de coteaux sur la rive de la Gironde a contribué à une forte implantation des moulins à vent au sud du Pays Royannais. Plusieurs centaines de traces de ces édifices ont été recensés à ce jour, notamment par la Société d’Histoire et d’archéologie en Saintonge Maritime. Il n’en reste malheureusement aujourd’hui le plus souvent que des "tonnelles" (partie maçonnée du moulin), très souvent tronquées et transformées en bâtiments agricoles. Cette disparition est la conséquence de l’adoption des nouvelles formes d’énergie (vapeur et électricité). On a vu alors se développer les minoteries quasi‑industrielles comme à Mortagne‑sur‑Gironde. Pour des raisons fiscales, les moulins ont ensuite perdu leurs mécanismes et leurs ailes. Celles‑ci étant un témoignage de leur activité, leur enlèvement constituait une preuve de cessation de cette activité et permettait donc l'exemption de l’impôt.
Une histoire de moulins…
Avant la révolution, les habitants de la seigneurie devaient, sous peine de sanctions, payer un droit pour utiliser le four banal (le seigneur étant tenu, de son côté, de bâtir et réparer son moulin si nécessaire). C’est sans doute au 18e siècle que les moulins à vent se sont le plus construits. Le droit de "tenir moulin" demeure une banalité, survivance d’un droit seigneurial jusqu’en 1789. Néanmoins, le nombre de moulins augmente dès 1800 et l’apogée du moulin à vent se situe au 19e siècle, plus précisément de 1840 à 1870. Ensuite on ne construit plus et la plupart des ailes des moulins en service cesseront de tourner en 1910 et 1920.
Les moulins à vent n’étaient pas implantés n’importe où : il fallait de la matière première (les grains), mais aussi une force motrice avec circulation d’air suffisante pour entraîner les ailes : d’où une concentration en bordure d’estuaire (couloirs de vent). Le toit (ou "chapeau") est conique. Tout ce toit tourne pour mettre les ailes au vent : il repose pour cela sur un "chemin dormant" en bois, et la manœuvre de rotation est effectuée par le meunier à l’aide d’une longue perche, le guivre, qui permet de faire pivoter l’ensemble à partir du sol. Les moulins peuvent être bâtis sur "tertre" ou bien "buttés" (butte artificielle d’environ trois mètres de haut).
Quelques moulins (propriétés privées) visibles sur les routes du Pays Royannais
Sources documentaires
- Société d’Histoire et d’Archéologie en Saintonge Maritime (SHASM).
- Début d’inventaire archéologique à partir du pays de Saint‑Savinien‑sur‑Charente, CDDP de Charente‑Maritime, 1987
- A. Cadet et Y. Renaud, Moulins à vent de Charente, CDDP de Charente, 1991
- C. Homualk de Lille, Les moulins de l'ouest, Éditions du vieux chouan, 1987
- C. Rivals, Le moulin et le meunier : mille ans de meunerie en France et en europe, Empreinte Éditions, 2000