Mémoire protestante en Pays Royannais

La naissance de la Réforme

Pour une liberté de conscience

La mort de Louis XIV n'arrêta pas les persécutions ; mais, sur le terrain il n'était pas plus facile aux officiers de la maréchaussée d'obtenir des arrestations. En juin 1730 Jacques de la Barre de la Veissière de Larrivaux, Seigneur de Saint‑Sulpice et de Bellemont, capitaine général, garde‑côte de la capitainerie de Royan, rend compte au Comte de Maurepas qu'il a été informé que la maréchaussée de Marennes "avait manqué deux prédicants qu'on m'a assuré voir à passer la rivière Seudre et s'estre jetés dans l'isle d'Arvert".

Le Capitaine explique qu'il a mis trois hommes en campagne pour les rechercher "et qui sont les seuls que je connaisse dans la capitainerie à qui je puisse confier ce fait là". C'est dire que peu de gens étaient prêts à coopérer avec les gens du Roi pour chasser les huguenots ; les dénonciations viennent de quelques curés fanatiques ou fonctionnaires soucieux de se faire valoir pour obtenir les grâces du pouvoir.

Bientôt, ce pouvoir royal va être contesté ; les protestants de la région vont prendre une part active à la Révolution, du moins celle des droits de l'homme et des libertés. Tout d'abord, par la consultation des paroisses, nous dirions des villages. La rédaction définitive des cahiers de doléances de la sénéchaussée de Marennes destinés aux États généraux de 1789 est confiée à Pierre‑Isaac Garesché, issu d'une puissante famille de marchands de la rive droite de la Seudre.

Celui-ci, ainsi qu'un autre protestant, Guibert, est élu représentant du tiers état. Il assistera à la réunion du Jeu de paume où il prêtera le célèbre serment. Membre de l'Assemblée nationale où il participe à la commission des finances et à celle des colonies, il refuse le mandat de député à l'Assemblée constituante. Bien lui en pris, car les Girondins furent tous guillotinés, dont Dechezeaux de l'île de Ré qui l'avait remplacé. Peu de temps avant la Révolution, en 1787, Louis XVI avait accordé un état civil aux protestants. Mais cet édit, dit très improprement de Tolérance, ne fut ratifié par le parlement de Bordeaux qu'en 1789.

Dans un premier temps, les protestants bénéficièrent de la tolérance introduite par l'article de la déclaration des droits de l'homme précisant que nul ne doit être inquiété pour ses opinions religieuses.

Mais la terreur proscrira tous les cultes autres que celui de l'Être suprême. Il fallut attendre la signature du Concordat par Napoléon Bonaparte, pour que la véritable liberté de conscience soit reconnue et que les cultes non catholiques (protestant et israélite) acquièrent une reconnaissance légale.

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Sources documentaires

Bibliographie

  • P. Boismorand, F. Bossy et D. Vatinel : "Protestants d'Aunis, Saintonge et Angoumois". Éditions Le Croît vif, 1998.
  • Guy Binot : "Histoire de Royan et de la Presqu'île d'Arvert". Éditions Le Croît vif, 1994.
  • Collectif : "Histoire des protestants charentais" (Aunis, Saintonge, Angoumois). Éditions Le Croît vif, 2001.
  • Collectif : "Le Patrimoine des Communes de la Charente‑Maritime". Éditions FLOHIC, 2002.
  • Cahiers de la Maison du Protestantisme Charentais n°2, année 2000.
  • Archives départementales de Charente‑Maritime.
  • Recueil de la Commission des Arts et Monuments Historiques de la Charente Inférieure 1902.

Remerciements

  • Monsieur Denis Vatinel, pasteur de Royan
  • Monsieur Bernard Tastet et Monsieur Claude Goulevant, de la Société d'Archéologie et d'Histoire de Saintonge Maritime.
  • Monsieur Jacques Daniel pour la carte ancienne de l'embouchure de la Seudre.
  • Et les nombreux amis qui ont bien voulu nous faire profiter de leurs connaissances.

 

Les temples

Après la révocation de l'édit de Nantes, aucun temple n'avait échappé à la destruction. Au début du XIXe siècle, la communauté protestante reconstruit ses lieux de culte. Sur le pourtour de la Communauté d'Agglomération Royan Atlantique, à partir de La Tremblade, du nord vers le sud côté Seudre, on découvre un temple presque dans chaque commune.

temple
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Temple

Breuillet

Temple

Chaillevette

Temple

Cozes

Temple

Étaules

Temple, démoli

La Tremblade

Temple

La Tremblade

Temple, vestiges

Les Mathes - La Palmyre

Temple protestant

L’Éguille-sur-Seudre

Temple

Médis

Temple protestant

Meschers-sur-Gironde

Temple protestant

Mornac-sur-Seudre

Temple

Mortagne-sur-Gironde

Temple

Saint-Augustin

Temple

Saint-Georges-de-Didonne

Temple

Saint-Palais-sur-Mer

Temple

Saint-Sulpice-de-Royan

Temple

Saujon

Temple

Vaux-sur-Mer

Les maisons de prière

Le pasteur Louis Gibert a exercé son ministère dans la clandestinité de 1751 à 1761. À partir de 1755, profitant d'une tolérance de fait, il ouvre en Saintonge une trentaine de maisons d'oraison, des granges spécialement construites ou aménagées pour le culte. Certaines de ces maisons seront fermées ou détruites par les autorités civiles, mais peu à peu l'usage s'établit de laisser les protestants y célébrer leurs offices. Ces "maisons d’oraison" sont situées à l'écart des bourgs et des voies de communication ; elles n'ont aucun signe distinctif extérieur. À l'intérieur le mobilier se compose d'une chaire, d'une table de communion et de bancs.

Les propriétés affectées à des œuvres sociales

propriété affectée à des œuvres sociales
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Les cimetières familiaux

Notre campagne abrite çà et là des cimetières privés, témoins des guerres de Religion et de leurs conséquences. Suite à l’édit de Nantes, les protestants ont le droit d’avoir des cimetières publics dans chaque lieu où leur culte était célébré.

Mais, à la Révocation, ces cimetières, tout comme les temples, sont rasés. Le clergé refuse aux réformés de se faire inhumer en "terre sainte et bénie" et ils doivent se faire ensevelir dans des terrains privés.

À la Révolution, selon l’article 15 de la loi du 23 prairial an XII, il est décidé que : "chaque culte doit avoir un lieu d’inhumation particulier et, dans les cas où il n’y aurait qu’un seul cimetière, on le partagera par des murs, haies ou fossés, en autant de parties qu’il y a de cultes différents, avec une entrée particulière pour chacune...".

Les protestants avaient donc accès aux cimetières communaux mais certaines familles gardèrent l’habitude de se faire enterrer sur leurs terres.

cimetière familial
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Le Gisant

Saint-Augustin

La Maison du protestantisme charentais

Créée en 1994 pour sauvegarder la mémoire du protestantisme en Aunis, Saintonge et Angoumois, cette association dispose d'une importante collection de costumes, mobilier, bijoux, objets familiers propres aux protestants ainsi que des archives de familles. Ces collections datent des XVIIIe, XIXe et XXe siècles.

La Maison du Protestantisme inventorie également les cimetières et les tombes.

Maison de l'histoire du protestantisme charentais (MHPC)
19, rue du bourg - 17530 Arvert
Site web

Moule à méreau de l'église réformée de La Tremblade (XVIIe siècle).
Collection : Maison de l'Histoire du Protestantisme Charentais © MHPC

Le méreau est une sorte de "bon pour", un signe de reconnaissance ou encore, un laisser‑passer qui prend la forme la plus commune d'un jeton en plomb ou étain. Les méreaux existent depuis le Moyen Âge.

Au temps de Calvin, les anciens d’une église protestante les distribuaient aux fidèles qui étaient dignes de communier à la Cène. Ce qui explique la représentation fréquente de la coupe et du pain sur une face. Au temps des Assemblées du "Désert", ils serviront à admettre sans crainte les assistants inconnus et ainsi éloigner les espions potentiels.

Les moules à méreau qui ont pu être conservés, sont fort peu nombreux. En effet, ils étaient le plus souvent en pierre laquelle a éclaté sous l’effet de la chaleur. Certains étaient en métal et ont mieux résisté au temps.

La Maison du protestantisme charentais a la chance de posséder celui qui a permis de fabriquer les méreaux dits "de La Tremblade". Il est en cuivre et en parfait état de fonctionnement. De plus, la référence du verset qui est "32" dans l’évangile de Luc devient "82" , selon la gravure. Cette "heureuse erreur" permet donc de le distinguer au milieu des nombreux méreaux dits : bordelais.

Source : Maison de l'histoire du protestantisme charentais (MHPC)