La collection du musée agricole de Semussac

Les plaques émaillées

L’émail selon la définition du Petit Larousse

Substance vitreuse, opaque ou transparente, fondue à chaud, dont on recouvre certaines matières pour leur donner de l’éclat ou les colorer d’une manière inaltérable.

Quelques dates dans l’histoire de la plaque émaillée

  • 1000 av. J.C : apparition des premières techniques d’émaillage traditionnel en Orient. Byzance deviendra, au XIe siècle, la capitale des émaux. Cet art se développe en Europe à partir du XVe siècle (Cologne, Limoges...). Cette technique était principalement utilisée pour l’ornement des objets d’art.
  • Début du XIXe siècle : utilisation de l’émaillage dans les produits manufacturés (ustensiles de cuisine, fonte émaillée). L’émaillage devient une opération industrielle.
  • 1847 : apparition des premières plaques signalétiques de rue en tôle d’acier émaillée.
  • 1895 : premières plaques émaillées à vocation publicitaire.
  • 1920 : début de la production de masse, industrialisation de la production. Elle atteindra son apogée dix ans plus tard. Création des grandes émailleries industrielles (Jean, Japy, Émaillerie Alsacienne...).
  • 1950 : utilisation à grande échelle de la matière plastique (plus facile à travailler et moins onéreuse).
  • 1960 : taxation de la réclame extérieure ; disparition progressive des plaques émaillées au profit de nouveaux supports (presse, télévision, radio...).

Un message publicitaire aux multiples avantages

Un mode de publicité économique, résistant au soleil et aux intempéries, sans entretien (certaines émailleries garantissaient leurs productions pour 20 ou 30 ans minima), un message garanti pour le client.
Le support s’adapte à tous types de dimension et de forme (modèles de 3 m de longueur, par exemple...).

La fabrication d’une plaque émaillée

La mise en forme de l’acier

La plaque d’acier est découpée aux dimensions voulues, puis mises en forme (façonnage, perçage pour l’accroche...). Il s’agissait principalement de plaques d’acier "Martin". Elle est ensuite décapée pour enlever toute trace d’impuretés et d’aspérités (la surface doit être parfaitement lisse pour la pose de l’émail. Ce travail est fait dans la section "métallurgie" de l’émaillerie.
On appose ensuite une couche d’émail de base, la "masse" (de couleur blanche, grise ou noire) ; elle permet une meilleure protection de l’acier et une meilleure fixation des émaux de couleur. Elle est enfin refroidie pour accueillir les couleurs.

Le graphisme et la préparation des couleurs

Dans la plupart des cas, les graphismes publicitaires étaient directement fournies par les client ; sinon, ils étaient réalisés par le "bureau de dessin" de l’émaillerie. Les différentes couleurs du dessin étaient séparées et les pochoirs correspondants à chacune d’entre elles étaient découpés dans du papier, ou des tôles minces pour les grandes séries. On découpait aussi des contre‑pochoirs pour l’impression des typographies complexes.
Les "fondants" sont ensuite préparés : il s’agit d’un mélange de produits vitreux et d’oxydes de métal se présentant sous forme de poudres. Chaque fondant correspond à une couleur.

Le façonnage de la plaque

La plaque est saupoudrée du premier fondant et on pose sur la surface le pochoir correspondant. L’ajourage du pochoir est ensuite brossé pour dégager les parties à ne pas émailler. On applique, si nécessaire, les contre‑pochoirs. La plaque est ensuite passée au four à environ 850°.
Cette opération sera répétée à chaque couleur, en laissant la plaque refroidir à chaque passage.
Un bon ouvrier pouvait ainsi façonner cinq plaques par heure. Au fil des années, avec l’apparition de la sérigraphie, les poudres vont disparaître au profit des émaux liquides (application au pinceau ou au pistolet) et permettre une production à plus grande échelle.

L’émail dans ce musée agricole virtuel

Le musée présente une collection unique en son genre de plaques émaillées sur le thème de l’agriculture : tracteurs, machines agricoles, pneus, engrais, aliments spéciaux, mécanique...
Signées ou anonymes, grandes ou petites, réalistes ou fantaisistes, classiques ou empreintes de modernité, marquées par le temps ou brillantes, elles ont chacune leur originalité.
La plupart des grandes émailleries industrielles sont présentes : l’EAS, Émaillerie Jean, Émaillerie Japy, Vitracier Neuhaus, L’Émaillo‑gravure...