Objectif phare

Le phare de Cordouan

Le phare de Cordouan se trouve à 7 km en mer, à égale distance des côtes girondines et charentaises. Il est le plus ancien des phares français encore en activité. Classé monument historique dès 1862 il a été construit sur un îlot rocheux aujourd'hui cadastré parcelle n°1 de la commune du Verdon‑sur‑Mer. Son architecture grandiose, résultat d'une histoire longue et tourmentée, a fait de Cordouan un phare unique au monde dont la visite ne peut que susciter l'émerveillement.
Il est inscrit le 24 juillet 2021 au patrimoine mondial de l’Unesco.

www.phare-de-cordouan.fr

1360, le début de l'histoire de Cordouan


La Généralité de La Rochelle, Jean-Baptiste Nolin, 1704 © BnF

L'histoire du phare de Cordouan reste bien mystérieuse, et son nom même demeure encore une énigme. La tradition rapporte que ce nom lui fut donné parce que les négociants d'Espagne qui venaient charger des vins à bordeaux, en particulier ceux de la ville de Cordoue, demandèrent puis obtinrent qu'une tour soit construite à l'entrée de l'embouchure de la Gironde.

Un phare primitif fut ainsi bâti vers 1360 sur les ordres du célèbre prince Noir (Edouard, prince de Galles), chef de l'armée anglaise qui occupait alors la Guyenne, pendant la Guerre de Cent Ans. De forme polygonale, il s'élevait à 16 mètres au‑dessus du sol et était terminé par une plate‑forme sur laquelle on allumait un feu de bois. Un ermite était chargé d'entretenir le feu et il percevait pour sa peine un droit pour chaque navire qui entrait dans le fleuve.

Mais les assauts répétés de l'océan et du vent ne cessaient de détériorer l'édifice. Les gouverneurs successifs de la Guyenne s'inquiétèrent de cette situation, et sollicitèrent l'intervention du roi Henri II puis celle de Catherine de Médicis, en vain. Il fallut attendre le règne d'Henri III et l'année 1584 pour que la reconstruction fût décidée.

La Guyenne
est une ancienne province située dans le sud‑ouest de la France, elle avait pour capitale Bordeaux.

Le XVIe siècle

Ancien horloger devenu architecte et ingénieur, Louis de Foix signe le 2 mars 1584 le contrat par lequel il s'engage à bâtir un nouveau fanal sur l'îlot de Cordouan. En 1585, après un an de travail avec 200 ouvriers, le premier talus est réalisé avec beaucoup de difficultés. Mais Louis de Foix se retrouve rapidement sans argent. Il se laisse cependant convaincre par les commissaires du roi Henri III de poursuivre les travaux, au besoin sur ses propres deniers, et même d'asseoir sur les fondations un édifice plus beau et plus grand que celui prévu à l'origine. Les commissaires royaux lui promettent une récompense particulière du roi. En 1589, Henri III, le dernier roi Valois, meurt et Henri IV, le premier roi Bourbon, monte sur le trône.

En 1591, le phare prend forme et Louis de Foix lui donne peu à peu l'allure d'un temple dédié à la gloire des deux rois ainsi qu'au caractère catholique de la monarchie française. Mais les travaux sont une nouvelle fois interrompus par manque d'argent. Louis de Foix se rend alors à Paris où il plaide sa cause auprès d'Henri IV. Le 28 juin 1594, un nouveau contrat est signé. Il prévoit des extensions nouvelles ainsi qu'une plate‑forme plus large. Le monument est pratiquement achevé lorsque Louis de Foix meurt en 1603 ou 1604. Son contremaître, François Beuscher, lui succède un temps et les travaux se terminent en 1611.

La construction aura durée plus de 25 ans, mais Louis de Foix laisse derrière lui le plus beau phare du monde.

En 1645, soit moins de 35 ans après l'achèvement du monument de Louis de Foix, le phare de Cordouan se trouve dans un état de péril tel que les gardiens refusent de s'aventurer jusqu'à la lanterne afin d'y allumer le feu. À l'époque, les réparations et l'entretien des phares étaient à la charge du roi, et le sort de Cordouan n'intéresse visiblement plus. Un sursaut se produit en 1663, et Colbert fait procéder à d'importants travaux de restauration. Mais au début du règne de Louis XV, l'état du phare laisse de nouveau beaucoup à désirer.
En l'absence d'un feu régulier correctement entretenu, les naufrages se multiplient et la colère des marins et des armateurs va grandissante. Devant les protestations, le phare de Cordouan est rattaché à la circonscription de Bordeaux en 1722.

En 1727, une nouvelle lanterne est installée et des travaux de consolidation sont entrepris. De 1739 à 1742, on construit une chaussée de débarquement et en 1786, on décide de cercler de fer la partie haute de l'édifice qui menace de s'écrouler. La même année, un projet de surélévation du phare voit le jour. L'ingénieur Joseph Teulère, architecte de la ville de Bordeaux, est chargé des travaux. Teulère met au point le premier feu tournant à réverbères paraboliques, constitué de lampes à huile et manœuvré par une machine dont le combustible était un mélange de blanc de baleine, d'huiles d'olive et de colza. De 1786 à 1790, la tour s'élève ainsi de 60 pieds (20 m) et le phare prend sa forme actuelle.

Aujourd'hui

Cordouan n’a rien perdu de sa fonction utilitaire et continue de servir de repère aux marins naviguant dans l’estuaire de la Gironde. En 2012, la lumière du phare automatisée est gérée par le service des phares et balises du Verdon‑sur‑Mer.
C'est le dernier phare à avoir conservé ses gardiens, chargés de son entretien et de l’accueil des touristes en été. Le phare est en autonomie, eau de mer et eau de pluie, et pour l’électricité, un groupe électrogène ou une batterie.

Il faut une heure pour accéder à Cordouan en vedette, depuis Royan ou Le Verdon. Une étroite chaussée, le peyrat, conduit les visiteurs au phare,

Caractéristiques

  • Hauteur : 67,5 m
  • Nombre de marches : 311
  • Puissance de la lampe : 250 watts
    Optique de Fresnel
  • Portée lumineuse : 22 milles (41 km) - blanc et 18 milles (33 km) - rouge‑vert
  • Feu fixe : 2 occultations + 1 toutes les 12 secondes, secteurs blanc‑rouge‑vert

Un fanal
est une grosse lanterne.