Objectif phare

Des feux aux phares

Pouvoir se repérer à l’approche des côtes, pour l’accès aux ports, ou pour éviter les écueils, est resté un souci des navigateurs à toutes les époques. L’entretien de feux sur des structures rudimentaires est demeuré longtemps le moyen privilégié pour guider les marins.
Au-delà des aspects utilitaires, dans un univers jugé plutôt ténébreux, feux et phares restent, à travers les âges, symboles de lumière et d’espoir.

Aux origines, il s’agit de feux de bois alimentés sur des monticules de pierres puis dans des cages de fer surélevées. Ensuite, le charbon, parfois des chandelles de résine, l’huile, le pétrole et l’acétylène (gaz de carbone) prennent le relais avant l’électrification, les guidages radio et aujourd’hui par satellites.

Le phare monumental d’Alexandrie

Dans l’Antiquité des "tours à feux" existent mais, c’est devant Alexandrie, en Égypte, sur l’île de Pharos (d’où l’appellation de phare) que la première construction d’importance (plus de cent mètres de haut) est attestée.
Le phare d’Alexandrie, dont le feu de bois était visible jusqu’à cinquante kilomètres, est bâti au IIIe siècle avant J.C. sous la direction de l’architecte Sostrate de Cnide. En 1303, il s'effondre à la suite d'un tremblement de terre.


Monnaies de bronze frappées à Alexandrie sous Antonin le Pieux (138-161) et Commode (180‑192) portant une représentation du phare


Le phare d'Alexandrie. Dessin de l'archéologue Hermann Thiersch, 1909 © Bibliothèque nationale de France

Les "tours à feux" romaines

De l’époque romaine sont connues les "tours à feux" ; celles de l’île de Capri (Capraea), d’Ostie, de Ravenne et en Gaule méridionale les phares de Fréjus et de Marseille (quartier de Pharo).

À signaler aussi la "tour d’Ordre" construite à Boulogne vers l’an 40 par l'empereur Caligula. Restaurée sous Charlemagne, elle s’écroula en 1644.


Mosaïque à Ostie, Italie


Tour d'Ordre, gravure de 1549


Vestiges de la tour d'Ordre vers 1930

Le phare médiéval "porte‑feu"


Le phare médiéval "porte‑feu" est une structure très rudimentaire, faite de troncs d’arbres assemblés soutenant un balancier à contre‑poids doté à son extrémité supérieure d’un réceptacle permettant l’entretien d’un feu de nuit et de fumée le jour.

De dimensions modestes, à l’image des réalisations du Moyen‑Âge, une réplique du feu médiéval est édifiée à Mornac-sur-Seudre en juin 2006, dans le cadre de l'exposition "Sous la lumière des phares".

 

Le phare de Cordouan

À l’entrée de la Gironde, le célèbre phare de Cordouan est construit à partir de 1584 par l’architecte Louis de Foix et achevé en 1610. Son feu, à l’origine, brûlait au "charbon de bois", puis sa lanterne (à l’huile ?) fut surmontée d’un cône formant miroir pour renvoyer la lumière.
Cet édifice, rehaussé en 1789, prenait le relais d’une tour attestée dans les années 1300 et d’un premier feu beaucoup plus ancien, au VIIIe siècle, à l’époque de l’invasion des Sarrasins qui auraient donné son nom au rocher de Cordouan.